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DÉCONFITS

Ce texte analyse (brièvement) la politique conduite par le pouvoir macronien pour faire face à l’épidémie du COVID-SRAS 19. On voit ici sous nos propres yeux stupéfaits non pas une « fabrique » du consensus (l’opposition continue à s’opposer, des manifestations sociales ou politiques peuvent se dérouler ici ou là), mais les conséquences de ce consensus tissé depuis plus de trente ans. A savoir l’extraordinaire passivité des organisations de gauche face à un pouvoir qui se montrait pourtant chaque jour incapable de combattre l’épidémie. La leçon est impitoyable : si le prolétariat reste désarmé lors d’une crise, alors le pouvoir accroît démesurément son emprise, et toutes les tares de la société capitalistes s’exacerbent.

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Texte d’avril-mai 2020

Avec une annexe sur l’abominable déconfinement

La situation que traverse le monde capitaliste est proprement sidérante. Nous savions que le système avait atteint ses limites pour parvenir au moment où il devient manifeste que la véritable barrière de la production capitaliste est le capital lui-même[1]. Nous observions les prodromes d’une crise majeure : les antagonismes croissants entre nations (en premier lieu entre la Chine et l’empire déclinant des USA), et, dans chaque pays, les conflits entre une classe dirigeante en putréfaction et des peuples assoiffés de justice, de liberté et d’égalité, qui partout cherchaient la voie de leur émancipation.

Certes, nous étions impatients en constatant que l’essor des luttes du Sud au Nord du globe restait insuffisant pour résoudre à notre manière la crise qui advenait. Nous étions en retard d’une guerre, pire, peut-être, en retard pour éviter la guerre. Pourtant, sous l’effet des contradictions insolubles qui accablent le monde capitaliste, la lente maturation des conditions de la révolution faisait partout son œuvre.

Nous ne pouvions penser que ce processus bien trop lent allait exploser comme sous l’effet d’une bombe et nous plonger brutalement dans l’incertitude du lendemain et face à l’urgente nécessité de construire enfin une stratégie révolutionnaire. La crise sanitaire, qui elle-même n’a rien de naturel ni dans son origine[2] ni dans sa forme, révèle et exacerbe au plus haut degré les contradictions du monde capitaliste. Mais surtout, et c’est le plus important, ce cours chaotique du monde met en relief l’immense retard du facteur subjectif. Le système capitaliste s’écroule, non sous les coups de l’assaut révolutionnaire, mais de lui-même. Certes, cette possibilité est incluse dans la nature même du capitalisme, dès son origine. Mais nous savons aussi que l’effondrement n’ira jamais de lui-même à son terme (sauf si nous nous abandonnons au cours millénaire de l’histoire) et qu’il faut porter le coup décisif au système, sinon il nous entraînera dans sa chute. Le communisme ou la mort, c’est ainsi qu’Alain Bihr termine son dernier article[3], avec raison, ô combien.

Les pages qui suivent visent avant tout à prendre la mesure des contradictions qui précipitent le monde capitaliste à sa perte et qu’il faudrait pousser jusqu’au bout pour l’achever et bâtir un monde nouveau. Ces contradictions prennent à bien des égards une forme nouvelle, qui tient à ce phénomène inédit : les dirigeants capitalistes ont arrêté des pans entiers de l’économie pour faire face à une pandémie, sans qu’ils parviennent à la maîtriser, du moins en France. Cette décision s’accompagne d’un contrôle implacable de nos vies ainsi cloîtrées, accepté comme signe de la raison et non de la dictature. Les prescriptions du confinement, comme celles du déconfinement chaotique qui s’annonce, illustrent à merveille ce trait du modèle capitaliste : les capitaux circulent librement, pas les êtres humains. Nous le savions déjà : d’un clic, les premiers s’envolent de l‘autre côté du globe, tandis que des milliers de gens se noient au pied de la forteresse Europe.

Le tableau peut être brossé à grands traits : une économie mise à l’arrêt au nom de la sécurité sanitaire des populations que la classe dirigeante s’avère incapable de garantir, le déclenchement d’une crise économique majeure, et là aussi inédite, puisqu’elle frappe d’abord l’économie réelle et partout en même temps. Or, notre camp révolutionnaire aborde cette nouvelle époque sans stratégie, sans ligne politique, sans forces organisées. La difficulté la plus grande est celle-ci : nous avons été habitués ces temps derniers à nous battre le dos au mur, pour empêcher telle ou telle contre-réforme, sans jamais passer à l’offensive ni penser à la victoire. Or, aujourd’hui, c’est la victoire qu’il nous faut préparer : allons-nous laisser la classe dirigeante s’efforcer à tout prix de maintenir un pouvoir qui s’écroule, en usant de lois liberticides, en aggravant la régression sociale, la misère et la famine, et en préparant peut-être la guerre, ou bien allons-nous nous emparer du pouvoir pour résoudre à notre manière les crises qui nous accablent ? Un simple texte rédigé par un individu ne saurait répondre à cette question[4] : il s’agit juste ici d’en montrer l’urgence.

Ainsi, l’acte primaire de la crise actuelle, qui lui donne une coloration inédite et définit son évolution, cet acte fondateur est le fruit d’une décision politique de l’adversaire. L’économie a été bloquée non sous l’effet d’une grève générale, ni par suite d’une crise financière, mais par le décret de gouvernants confrontés au risque de voir la pandémie faire des ravages difficilement supportables pour la population, mais surtout préjudiciables à la bonne marche des affaires. La soudaineté et la sévérité de cet apparent arbitrage entre la santé et l’économie[5] ont pour cause l’imprévoyance des gouvernants ainsi que leur crainte de voir s’effondrer un système hospitalier qu’ils ont massacré depuis tant d’années.

Cette contrainte enraye le cours des affaires, mais elle se paye au prix fort par le peuple privé de liberté et dépossédé de l’essentiel de ses moyens de lutte.

Il reste qu’elle a plongé les capitalistes dans une crise profonde.

Telle est la première contradiction qui foudroie le monde capitaliste, la plus profonde sans doute parce qu’elle relève d’une anthropologie du capital. Sous la contrainte des nécessités, le bourgeois s’élève au niveau d’un vulgaire marxiste et découvre que le point de départ de toute son affaire n’est pas la Bourse ni les marchés dérivés, mais « tout d’abord la production matérielle ». Il ne glorifie plus les traders, mais le « travail utile », par exemple les soins, la production et l’acheminement des biens de premières nécessités, les services de nettoiement et de nettoyage, les services des eaux, de l’électricité, l’enseignement, etc., bref, chacun constate que la société tient grâce aux derniers de cordées, à ceux qui n’étaient rien et qui, soudainement, montrent qu’ils peuvent tout.

Mais pour autant sont-ils tout ? Voilà le hic, le nœud qu’il faut trancher : comment éviter que la force sociale indispensable à la survie de la société prenne conscience de sa puissance et en dispose ? Le confinement sous contrôle policier et militaire présente une jolie solution.

A aucun moment en France le confinement ne fut pensé comme la pièce d’un dispositif destiné à rompre la chaîne des contaminations et à juguler ainsi la pandémie – la comédie des masques suffirait à le prouver[6].

Ce confinement punitif fut ainsi une mesure strictement individuelle, renvoyant chacun chez soi et à la responsabilité intime de stopper le virus, pendant que l’Etat attendait passivement la chute du nombre des malades en réanimation, sa seule préoccupation[7]. Comme le disait le préfet Lallement, qui a coché avec tant d’autres toutes les cases de l’infamie, les malades affluent parce qu’ils n’ont pas respecté le confinement.

Il aurait fallu d’emblée s’opposer à cette mesure punitive de coercition, à cette situation inouïe, où nous fûmes assignés, accablés, déconfits, faits comme des rats, car le pire consiste en ceci : nous fûmes amenés à accepter cette soumission sous la menace du virus.

L’Etat bourgeois a donc bien cherché à nous faire payer au prix fort la contrainte qui l’obligeait à protéger la santé du peuple pour que la force de travail ne soit pas atteinte au point de mettre en danger l’accumulation du capital. Il a dû se rendre à l’évidence : le capital, ça n’est que du travail vivant accumulé, dont il faut assurer un plus ou moins bon état.

Cette gestion de la force de travail est le propre de l’Etat bourgeois, qui doit en garantir au moindre coût la formation, la santé, et, par-dessus tout, l’existence comme marchandise particulière, toujours là en surnombre[8], toutes choses que l’homme aux écus ne saurait faire par lui-même en raison de son parasitisme foncier et de la concurrence qui l’empêche de défendre l’intérêt général de sa propre classe. Toutes choses qui reçoivent avec le sceau de l’Etat le nom ronflant de politique de l’emploi, de politique éducative, de politique de la santé qui ont avant tout pour fonction d’assurer la discipline et le contrôle de la force de travail en organisant l’insécurité de son existence – l’insécurité de l’emploi (loi travail, réforme de l’assurance chômage), l’insécurité sociale (loi retraite, casse de l’hôpital), l’insécurité de la formation (Parcoursup)[9].

Le confinement à la française exprime le plus exactement possible le fantasme qui hante la bourgeoisie, l’image du monde rêvé par elle, où le petit travailleur est sagement enfermé chez lui comme l’esclave dans son enclos. Mais la réalité n’est pas tendre, car confinés, nous ne travaillons pas, ou peu, ou mal, et nous consommons peu[10]. Ces tensions et ces contradictions produisent une succession de discours proprement idiots, dont Blanquer s’est fait le spécialiste.

Cette mesure individuelle de punition donne aussi l’exacte mesure de l’incapacité de l’Etat bourgeois d’assumer désormais ses tâches politiques, comme le montre le désastre sanitaire et social auquel il a conduit et dont le spectacle soulève le cœur – car dans cette période de crise le système dévoile partout et crûment sa face abjecte. Voyez le sort des anciens dont la seule utilité est d’être livrés aux appétits des groupes financiers propriétaires des EHPAD, interdits dans un premier temps d’accéder aux soins hospitaliers, confinés dans une lente agonie, enterrés à la sauvette, sans même accéder aux statistiques de la mortalité. Voyez ces millions de pauvres, qui commencent à connaître la faim, oui, la faim, en dépit de la gigantesque et admirable mobilisation des associations anciennes et nouvelles. Voyez le délaissement du réseau de la médecine « privée » (constitué en fait de fonctionnaires de la sécurité sociale) et le désastre sanitaire qu’il provoque : les maladies chroniques ou accidentelles non soignées ou trop tardivement, mais aussi l’inattention portée aux nombreuses séquelles de la maladie du Covid-19.

Tel est le premier aspect de la crise dont il faudrait tirer toutes les leçons : un Etat empêtré dans la nécessité où il était de protéger la santé du peuple dont il est obligé malgré tout de reconnaître qu’il est la force vive avec laquelle il faut compter.

Jusqu’à présent, hélas, les forces progressistes n’ont pas su profiter des tensions et des contraintes où l’Etat bourgeois s’embourbe. Le confinement a été accepté non pas seulement comme un état de chose inévitable dès lors que rien n’avait été entrepris contre une contamination qui s’amplifiait, mais comme la seule politique à suivre, et même à prolonger, ce qui est parfois demandé. Alors qu’il était évident aux yeux de tous que la société ne tenait que par la force des soignants (dans un système hospitalier pratiquement en autogestion), des salariés et des travailleurs des secteurs vitaux, et par la solidarité partout organisée, aucune position politique vigoureuse n’a été assumée pour que cette immense force sociale prenne les affaires directement en main, c’est-à-dire emprunte le chemin du pouvoir.

Il fallait d’autant plus s’opposer à un tel confinement que la France connaît une situation particulière : l’incurie proprement sidérante qui a d’emblée paralysé l’action du gouvernement. La chose est particulièrement bien documentée, depuis l’affaire des masques, jusqu’à la préparation de la rentrée dite scolaire en passant par l’absence de tests. L’incapacité à prévenir, à organiser, l’incohérence, les injonctions contradictoires, les mensonges, les propos infâmes ont tenu lieu de politique. La politique qui a déserté un Etat réduit à un rôle de petit communiquant dos au mur, la politique aurait dû s’emparer de la force sociale qui faisait tenir le pays.

Aussi restons-nous bouche-bée devant l’impotence d’un Etat prétendument protecteur. On aura tout vu, depuis le vol de masques destinés aux régions jusqu’aux propos sur l’école qui doit garder les enfants des pauvres parce qu’ils sont battus à la maison.

Dans aucun domaine ni à aucun moment le gouvernement n’a été capable de prendre la moindre décision utile, l’administration ne fut pas mobilisée, la médecine de ville pas davantage, les mairies encore moins. L’action de ces derniers est parfois même entravée par des préfets qui ont pris la main en raison de l’état d’urgence.

L’exemple des ARS est emblématique de cette incurie : elles furent incapables de mobiliser la réserve sanitaire dont elles ont la charge. La proposition de cinquante labos (CNRS, INSERM, etc.) de fabriquer des tests n’a reçu comme réponse qu’une circulaire leur interdisant de communiquer sur le Covid.

Et c’est dans ce bazar que se prépare un déconfinement qui sera chaotique, dangereux, source de dilemmes pour chacun, de tensions et de divisions. Le seul souci du pouvoir est de se protéger de la colère du peuple qui pourrait être terrible en cas de seconde vague, en faisant porter toute la charge de ce possible malheur sur les individus et leur responsabilité.

L’incapacité du pouvoir tient en une phrase : « il faut apprendre vivre avec le virus », aveu que l’Etat ne fera rien pour véritablement arrêter la chaîne des contaminations. Le reste est votre affaire. Envoyer ou non vos enfants à l’école, sortir ou non si vous êtes « personnes fragiles », prendre le train ou non, c’est votre responsabilité. Je m’en lave les mains. La seule chose qui importe : allez travailler, et consommez ! « Apprendre à vivre sans le virus » n’est jamais venu à l’esprit de la classe dirigeante. Aurait-elle eu l’idée de stopper la pandémie qu’elle n’aurait pas eu les ressources de le faire, c’est ce qui est désormais manifeste.

Tout d’abord, la crise révèle à quel point la politique de santé publique a été détruite en France[11]. Les organismes chargées de cette politique ont vu leurs moyens fondre au fil des années, Santé publique France a dû encore rendre des postes sur l’ordre de Bercy à la veille de la pandémie. Cette paupérisation révèle au fond un des traits saillants de l’idéologie contemporaine : les personnes ou les faits sociaux ne sont regardés que sous l’angle de la profitabilité. Tout ce qui n’est pas profitable représente un coût (souvent nommé coût social) jugé insupportable. Ainsi, les maladies chroniques sont-elles délaissées, ainsi les actes hospitaliers sont-ils classés selon un barème de rentabilité, ainsi les stocks de masques sont-ils jugés dispendieux, comme toute action de prévention.

Tout ceci témoigne du fait que l’incurie du gouvernement révélée par la crise en cours plonge ses racines dans le changement qui a modifié en profondeur l’appareil d’Etat de la bourgeoisie. Il ne s’agit pas seulement du processus connu de privatisation par lequel il se débarrasse de pans entiers des services publics. Un mal plus sévère le ronge et atteint sa capacité même à administrer les choses, ce qui devrait conduire à revoir complètement la stratégie et la tactique de nos luttes. La question du pouvoir se pose là encore très concrètement, et en urgence.

Il faut ici garder en tête l’énoncé saint-simonien, souvent repris par Marx et Engels, selon lequel la voie de l’émancipation consiste à remplacer le gouvernement des hommes par l’administration des choses (c’est-à-dire à ne garder que l’administration des choses, sans qu’elle ne passe par un pouvoir sur les hommes). Qu’avons-nous sous les yeux ? Une situation étrange, où l’Etat bourgeois s’avère incapable d’assurer sa part d’organisation de la société. Au premier rang, le système hospitalier, déjà abîmé par des années de massacre, a été livré à lui-même et fonctionne pratiquement en auto-gestion. « Je veux que la France soit une Start-up Nation » avait dit Macron au seuil du pouvoir, s’imaginant diriger seul un pays de soixante-sept millions d’habitants comme on dirige une petite boîte, avec ses pauvres coups de menton et son bla-bla machinal de communiquant.

L’Etat ne sait pas, ne sait plus mobiliser la force collective qui seule peut résoudre la crise. Mais, d’instinct, il ne le veut pas car il en redoute la puissance, il ne veut pas perdre la main et préfère pour cela ne pas avoir de mains, surtout pas « la main gauche ». « Seul le peuple sauve le peuple » disent les Brigades populaires de solidarité qui agissent dans les quartiers populaires, reprenant une formule qui s’épanouit sur d’autres murs, en Italie notamment. L’histoire en témoigne. Le gigantesque édifice de la sécurité sociale (annonciateur du communisme) a été monté en quelques mois par la mobilisation de milliers de syndicalistes CGT, sous la direction d’Ambroise Croizat. Cette force sociale doit bien rester confinée, n’est-ce pas.

Face à cette impuissance de l’Etat et aux malheurs qu’elle engendre dans la société, la question se pose pour nous, pour notre lutte, pour notre stratégie et notre tactique : pouvons-nous continuer à agir face à cet Etat en revendiquant, en réclamant, en attendant de lui qu’il fasse telle ou telle chose grâce à un hypothétique rapport de force favorable ou le résultat hasardeux d’une élection ? Ou bien faut-il nous préparer à agir enfin politiquement : c’est-à-dire faire en sorte que l’immense force sociale qui fait tenir la société par son travail et par ses actes de solidarité se transforme directement en force politique et s’empare de certains leviers de pouvoir ? Allons-nous, une fois que l’Etat nous y aura autorisés, attendre les prochaines élections en organisant pour patienter quelques manifs et journées de mobilisation ? Pendant que la société plonge dans le désastre ?

D’autant que, dernière scène du tableau, la crise économique déjà là s’annonce cataclysmique, avec une forme inédite puisqu’elle touche d’emblée l’économie réelle, et partout en même temps. L’économie s’écroule à l’échelle du globe. Le commerce mondial sombre, les nations se replient sur elles-mêmes, allongeant la liste des produits interdits d’exportation, les pétroliers payent pour qu’on leur achète un pétrole qu’ils ne peuvent plus stocker mais qu’ils continuent à produire selon la loi d’airain du capital. Au cœur de cette dévastation, la chute de l’empire états-unien annonce que le monde est entré dans une nouvelle époque, où est engagée très concrètement la course de vitesse entre guerre et révolution. L’ordre mondial, la « globalisation (façon de désigner l’hégémonie d’une seule nation) sont en péril, entraînant le monde dans un cycle de chaos, de tensions, et sans doute de guerres.

L’économie capitaliste ne se relèvera pas, pour la raison qu’elle était déjà en crise avant l’affaire du Covid. Son incapacité à prospérer a été masquée après la dernière crise de 2008-2009 grâce à un endettement monumental, des dizaines de milliers de milliards de dollars furent injectés dans les veines du malade, avec pour seul effet d’en retarder la chute. Le « temps fut acheté » et la crise retardée[12], elle frappe aujourd’hui partout, y compris dans cette Chine qui, en 2008, avait avec les « pays émergents » tiré en avant l’économie mondiale, ce qui est sans doute hors de sa portée désormais. En quelques semaines, 22 millions de chômeurs supplémentaires aux USA, en France onze millions de salariés sont en chômage partiel, soit la moitié de ceux du secteur privée[13], 260 000 chômeurs supplémentaires (pour la seule catégorie A), les faillites commencent et vont se multiplier, des secteurs entiers peineront à se relever, le tourisme (7,5 % du PIB), l’hôtellerie restauration, la culture, le transport, l’aéronautique. Tôt ou tard, cet effondrement de l’économie réelle produira des difficultés dans la banque et la finance. L’endettement massif des Etats conduira à la « crise de la dette », comme après 2008.

Gagnés par un certain affolement, les dirigeants des Etats bourgeois font l’unique chose qu’ils savent faire : balancer des milliards, creuser les déficits et s’endetter, alors que le feu est dans « l’économie réelle ». Leurs largesses ne se répandent pas tous azimuts. Le capital se montre toujours aussi pingre d’un côté qu’il est gaspilleur de l’autre : 39 millions pour l’aide alimentaire, mais sept milliards pour Air France, dix pour Renault et 500 millions pour Fnac Darty.

Pendant ce temps, dans les couloirs du pouvoir, des groupes de travail s’affairent pour préparer les assauts qui frapperont la classe ouvrière – facilités par un état d’urgence qui sera sans doute prolongé. Les mesures antipopulaires adoptées après la crise de 2008 pour éponger les milliards injectés dans l’économie donnent la mesure de ce qui nous attend : partout alors, des attaques virulentes, aussi loin que le rapport de force le permettait, contre les droits collectifs protecteurs et chèrement acquis depuis un siècle, partout la casse des services publics, c’est-à-dire très précisément la marchandisation la plus large possible, partout le renforcement de la répression et du pouvoir de l’appareil d’Etat, partout, l’insécurité et le contrôle, partout la volonté de détourner la colère populaire vers l’extrême droite, le racisme, le chauvinisme, le nationalisme tout en réprimant sévèrement les forces progressistes, partout l’aggravation de l’exploitation des nations opprimées, avec de multiples guerres, complots, coups d’Etat.

Les traits les plus répugnants de l’impérialisme parfaitement brossés par Lénine à la veille du premier conflit mondial s’étalent : un capitalisme parasitaire et pourrissant, deux caractéristiques essentielles des monopoles sous le régime de la propriété privée des moyens de production. La réaction politique sur toute la ligne est le propre de l’impérialisme notait Lénine, puisque le capital financier vise à l’hégémonie. Parasitisme à l’intérieur de chaque Etat impérialiste, et, à l’échelle mondiale, transformation du monde « civilisé » en un parasite sur le corps des peuples « non civilisés ». Aujourd’hui, si la crise n’est pas « retardée éternellement » comme elle le fut après 2008 à coup de milliards, si elle éclate, elle plongera le monde dans de grands conflits entre le Sud et le Nord, et entre le Nord et le Nord.

Nous devons tirer les leçons de la précédente crise. Le mot d’ordre central des grandes manifestations organisées en 2008-2009 pour tenter précisément d’enrayer la machine réactionnaire était : « la crise, c’est vous, la solution, c’est nous ». Or, cette « solution » ne s’est pas concrétisée au-delà des manifestations. L’apathie du facteur subjectif a laissé tout loisir aux dirigeants du monde capitaliste de s’organiser pour tirer parti à leur profit de la gestion de la crise après 2008, en renforçant leur pouvoir et en détruisant le plus possible les acquis du mouvement ouvrier. Ces dirigeants du monde capitaliste, les organisations patronales, les innombrables réseaux et Think Tanks sont, eux, très organisés[14]. Les entraves qu’ils rencontrent viennent de leurs propres contradictions, davantage que de l’opposition ferme que les forces progressistes si peu organisées pourraient leur opposer. Au fond, leur principale force tient à notre propre faiblesse, c’est pourquoi il est si important de bien comprendre les contradictions qui affaiblissent aujourd’hui le monde capitaliste dans l’espoir d’en tirer parti.

Conclusion

Il est établi que ce coronavirus apparu en 2019 est le produit de l’activité humaine. Non de l’activité humaine en général, mais de celle qui se déploie dans la forme historique actuelle, celle du capitalisme moderne, du capitalisme finissant, du capitalisme en putréfaction. Ce mode de production porte à l’extrême la contradiction entre l’homme et la nature. La pandémie, comme d’autres épidémies avant elle, vient nous rappeler « que nous ne régnons nullement sur la nature comme un conquérant règne sur un peuple étranger, comme quelqu’un qui serait en dehors de la nature, mais que nous lui appartenons avec notre chair, notre sang, notre cerveau, que nous sommes dans son sein… »[15].

Aussi, tant qu’il ne sait pas vivre en harmonie avec elle, la nature se venge-t-elle de toutes les victoires que l’homme remporte sur elle. Les épidémies meurtrières autrefois répandues par le colonialisme en Amérique et en Afrique, les ravages de la nature qui ont produit hier des famines, aujourd’hui la destruction des forêts et des zones humides, ainsi que les périlleuses concentrations humaines et animales : ces assauts se retournent aujourd’hui contre nous, ici même, dans le cœur de l’Occident, et frappent de stupeur des Etats et des populations qui se croyaient à l’abri de maux réputés exotiques. Une petite chaîne d’ARN apparue là-bas se répand dans l’hémisphère nord, suivant la route des avions qui transportent chaque jour dix millions de passagers, des hommes d’affaires qui n’ont pourtant pas grand-chose à faire, et ce milliard et demi de touristes qui changent de décor à défaut de changer le monde.

Le cours de la pandémie et de ses conséquences sociales démontre qu’un fléau engendré par le capitalisme ne peut être éliminé par le capitalisme. D’autres pandémies surgiront, et trouveront la classe dirigeante dans la même impuissance, car de cette crise-ci elle n’aura rien appris, sinon l’art de perfectionner son système de répression et de contrôle.

C’est pourquoi la question du pouvoir et de la révolution est désormais posée de manière très concrète et immédiate. Cette nécessité est une chance, mais l’urgence une difficulté. Le gouvernement se dit en guerre – il faut prendre au sérieux cette déclaration qui trahit l’impitoyable guerre de classe et l’implacable guerre entre capitalistes. Nous sommes embarqués dans cette guerre, qu’on le veuille ou non. Les gigantesques problèmes que la société affronte aujourd’hui, plongée dans des crises sanitaire et économiques insolubles, ne peuvent être résolus que par la société elle-même.

Le pachyderme capitaliste vieux de trois siècles a un genou à terre. Il ne s’effondrera pas tout seul, ou alors dans des soubresauts porteurs de mort par centaine de millions. Nous pouvons continuer à jouer les moustiques qui ne font qu’exciter la bête sans jamais atteindre son cœur déclinant, ou bien nous pouvons lui cisailler les pattes pour éviter qu’il nous entraîne dans sa chute mortelle.

30 avril 2020

 

Sur un déconfinement autoritaire et sécuritaire

Le déconfinement annoncé à partir du 11 mai sera à la hauteur du confinement : autoritaire, sécuritaire, punitif, incohérent, chaotique.

Tout a été dit sur le choix de cette date par un seul homme qui n’oublie pas de prévenir ses ministres un quart d’heure avant l’annonce. Ce président qui ne pouvait rien depuis deux mois devait montrer qu’il pouvait tout, comme il le répète en boucle sur le mode du célèbre « il ne manque pas un bouton de guêtres » prononcé deux mois avant la débâcle de Sedan.

Le ton de cette injonction à déconfiner est insupportable, comme tous les miasmes éructés par la classe dirigeante minute après minute. Par un retournement pervers qui est le signe des pouvoirs en perdition, les dirigeants français paraissent rendre la population entièrement responsable d’un confinement dans lequel elle voudrait persister par peur de braver un virus « avec lequel il faut apprendre à vivre » : comme si ce confinement de toute la population n’avait pas été une décision arbitraire, brutale, punitive, prise par un petit groupe de personnes et appliquée à toute une population incarcérée sous peine d’affronter la pandémie et ses pandores. Les discours infantilisants du pouvoir présentent le déconfinement comme un cadeau promis à condition que nous soyons sages, sinon !

Le désastre qui se prépare illustre parfaitement la méthode dans laquelle pataugent les autorités depuis le début : ce qui doit être préparé ne l’est pas, et ce qui ne devrait pas donner lieu à disposition est minutieusement préparé. A cet égard, le déconfinement s’avère être la continuation du confinement avec d’autres moyens. Il illustre remarquablement les deux faces du biopouvoir que nous avons exposées précédemment, la protection sanitaire, et la sécurité disciplinaire qui l’emporte, comme lors du confinement.

Dans le volet sanitaire, rien n’est prêt, et les scandales s’ajoutent aux scandales, chaque jour, chaque heure, les masques surgis du néant pour être des produits d’appel en tête de gondole, les tests, toujours dans le néant, l’absence de budget pour soutenir la recherche d’un vaccin, etc.

A l’opposé, tout est prêt pour nous faire vivre dans un monde invivable, et pour garder à tout prix ce trésor que le confinement avait placé entre les mains de la classe dirigeante, la soumission d’une population réduite à une force de travail qui ne doit pas se distraire, ni manifester ni se réunir, ni voyager ni circuler – sauf pour aller travailler entre deux haies de CRS en exhibant une attestation de l’employeur. Si un dixième des mesures annoncées pour le 11 mai l’avait été il y a trois mois, on aurait hurlé à la dictature. Elle est là pourtant, non pas avec son cortège familier de chemises brunes, dès lors inutiles, mais sous la forme la plus aboutie car la plus adéquate au concept de capital.

Car les procédures terrifiantes du déconfinement annoncées transposent à l’extérieur de l’entreprise les règles dictatoriales qui à l’intérieur tiennent en laisse le petit travailleur. Gramsci avait révélé le lien unissant le taylorisme et la prohibition, et plus généralement le contrôle moral et hygiéniste de la force de travail[16]. Ford en avait fait une spécialité, or Ford était un admirateur de Hitler…

Au fond, le capital ne supporte pas la condition première de son existence, qui le place face à un travailleur libre dont la vie lui échappe lorsqu’il quitte l’entreprise. Il le supporte d’autant moins qu’il mesure sa puissance en tant que maître d’un procès de production qui reproduit de lui-même et éternise les conditions qui forcent le travailleur à se vendre pour vivre et le met toujours lui, l’homme aux écus, en état de s’enrichir sans faire autre chose que d’attendre que l’ouvrier sorte du procès de travail aussi nu qu’il y est entré[17]. Il le comprend d’autant moins qu’il voit aussi « la fiction du libre contrat » qui découle de cet état merveilleux où le travailleur appartient à toute la classe capitaliste avant de se vendre à un capitaliste individuel. Il voudrait donc lui, propriétaire des moyens de travail, être totalement propriétaire de la force de travail et n’aura de cesse de contrôler et de discipliner toute notre vie, faisant de nous les pauvres figurants d’un nouveau Metropolis.

Un temps donc, saisis de vertige lorsqu’ils constatent l’acceptation du confinement, les dirigeants de ce pays ont voulu réaliser le rêve le plus fou et le plus cruel d’une vie prolétarienne éternellement confinée et entièrement vouée à la discipline du travail. Bien entendu, ce cauchemar s’évaporera, sous l’effet de la colère populaire sans doute, sous la contrainte du principe de réalité à coup sûr. Mais en attendant…

En attendant, ce fantasme à jamais réalisable laissera dans la loi de terribles habitudes, démontrant une fois de plus que les crises profitent entièrement à la classe capitaliste si la classe ouvrière baisse la garde[18].

Avec ce capitalisme finissant, tout, absolument tout, est objet de marchandisation, y compris le contrôle et la discipline que ce pseudo-déconfinement renforce. Le cours de la bourse de New York montre quels nouveaux seigneurs vont tirer leur épingle du marasme actuel. Les valeurs du Nasdaq grimpent, tirées par les GAFAM qui représentent presque un quart de la capitalisation boursière (soit, à elles cinq, deux fois et demi l’ensemble des sociétés cotées au CAC 40 français). L’application Zoom de visioconférence, qui pourtant n’offrait aucune sécurité, frôle les 50 milliards de dollars de capitalisation boursière (plus de 70 fois ses revenus de 2019) avec ses 300 millions d’utilisateurs[19].

Pendant ce temps aux USA, 30 millions de chômeurs supplémentaires portent le taux de chômage à un niveau record depuis la crise de 1929.

La croissance du numérique (autant en deux mois qu’au cours des deux années d’après le PDG de Microsoft) fait bondir les investissements et les profits. Car le marché des données personnelles s’étend royalement, sous les effets des procédures de contrôle personnel favorisées par le confinement et désormais par le déconfinement, étendant un domaine souvent déjà occupé par les GAFA, comme la télémédecine et le téléenseignement.

Sous prétexte de « tracer » les malades et leurs « contacts », des données de santé sont collectées par le patronat, les préfectures, les administrations, grâce aux bien-nommées brigades d’anges gardiens. Après l’intervention de la LDH, de la CGT et d’autres, le patronat s’est vu refuser le droit de procéder à des tests dans l’entreprise. Mais il a déjà sous la main la liste des salariés qui se sont déclarés « à risque » pour bénéficier d’un congé les protégeant du virus. La loi va confier à du personnel non médical le soin d’enquêter sur les gens testés positifs et sur leur entourage, dont le fichier serait transmis aux préfectures. Ainsi, avec la société du déconfinement, s’installe l’habitude de constituer des fichiers de santé, qui pourront être « marchandisés » par les GAFA, et utilisés pour discriminer les gens.

En raison de l’incapacité[20] de l’Etat à construire un service public du numérique éducatif, les GAFAM se sont définitivement emparés de ce marché. Comme le souligne Meirieu[21], les enjeux sont ici colossaux, dans les domaines économiques, pédagogiques et sociaux. La classe, l’école est vue comme une forme obsolète qui doit être remplacée par un système où les enfants sont en permanence et individuellement testés et évalués, ce qui permet d’accumuler des données utilisables dans le marché des data et des logiciels. Pour distribuer des fiches, des logiciels, des exercices et des corrigés, nul besoin finalement d’un enseignant face à sa classe, nul besoin de ce lieu pour « apprendre ensemble » selon le mot de Ferdinand Buisson.

De même, le télétravail rompt le collectif de travail et pose les bases d’un système qui peut remettre en cause les protections du statut du salariat conquises de haute lutte. A cet égard, l’idée récemment émise qu’un salarié (plutôt une salariée !) pourra garder ses enfants (puisque l’école reste fermée à 90% d’entre eux) tout en télétravaillant est gravissime. Elle révèle la vérité du télétravail : il s’agit bien de travail à domicile, comme au XIXème siècle. De surcroît, une profonde fracture s’installe, entre les employés capables de télétravail, et ceux qui seront au front.

En résumé, si la riposte n’est pas vigoureuse, la classe capitaliste va profiter de toutes les manières de ce déconfinement sans fin. De même que dans la réflexion gramscienne le taylorisme engendrait le contrôle moral, de même, aujourd’hui, le confinement dans le déconfinement correspond à l’uberisation et à la domination des GAFAM qui supposent le contrôle de nos vies personnelles jusque dans leur intimité.

9 mai 2020

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  1. Le Capital, Livre troisième, Editions sociales, 1957, tome 6, page 263. Une des manifestations saillantes de cette entrave réside ces dernières années dans l’extrême faiblesse des gains de productivité, dont la croissance est vitale pour une économie dépendante de la concurrence et de l’endettement.
  2. Nous ne reprenons pas ici les sornettes sur la fabrication du virus par un laboratoire chinois, nous faisons allusion au fait bien documenté désormais que ce type de pandémie est favorisé par le mode de production capitaliste.
  3. Publié sur le site Contretemps le 27 avril 2020.
  4. Même si j’ai bénéficié de nombreuses discussions avec mes proches, que je remercie : chacun reconnaîtra les ressources apportées.
  5. Apparent, car il ne s’agit pas d’une contradiction entre l’économie et le social, l’humain, mais au sein même de l’économie. Comme le dit l’OMS, il faut sauver la santé pour sauver l’économie.
  6. Le gouvernement fut complètement passif. Il n’a même pas cherché à connaître un minimum la réalité de l’épidémie, comme le souligne l’appel publié sur Mediapart le 28 avril Nous devons savoir, https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/280420/nous-devons-savoir-lettre-ouverte-edouard-philippe-et-olivier-veran.
  7. Chaque jour sonne le glas à 15 heures. Le Délégué général à la santé tente de prendre la pose d’un employé des pompes funèbres (toutefois il lui manque leur onctueuse professionnalité) et égrène les statistiques, dont la seule qui lui importe est celle de l’occupation des lits de réanimation. La plus grande pandémie de ce demi-siècle réduite à ce seul indicateur !
  8. Voir Suzanne de Brunhoff, Etat et capital, Maspero, 1982.
  9. « Discipline du travail, insécurité de l’emploi, permanence de l’approvisionnement en force de travail prolétarienne au moindre coût possible : la combinaison de ces aspects implique une intervention étatique immanente au procès d’accumulation capitaliste en même temps que fondamentalement extérieur à ce procès. L’extériorité de la gestion de la force de travail est la condition même de son immanence », S. de Brunhoff, op.cit. page 8.
  10. Voir les cris d’horreur de Le Maire constatant la hausse de l’épargne des ménages.
  11. Sur l’abandon de toute politique de santé publique générale, voir les propos éclairants de William Dab et de Didier Sicard (sur Mediapart notamment).
  12. Voir Wolfgang Streeck, Du temps acheté. La crise sans cesse ajournée du capitalisme démocratique, Gallimard, 2014.
  13. Le gouvernement cherche à limiter ce phénomène dont il n’avait pas prévu l’ampleur, et qui coûte un milliard par semaine à l’UNEDIC et quelques milliards de plus à l’Etat (qui en finance les trois-quarts).
  14. Voir pour l’exemple états-unien ce qu’en dit le philosophe Philip Mirowski dans une interview éclairante, Libération du 29 avril 2020.
  15. Friedrich Engels, Le rôle du travail dans la transformation du singe en homme (1876).
  16. Voir par exemple Gramsci dans le texte, Editions sociales, 1977, pages 697 sq.
  17. Voir Marx, par exemple Le Capital, Editions Sociales, tome III, pages 19-20.
  18. Au palmarès, déjà : l’autorisation du chômage partiel individuel, l’inversion de la hiérarchie des normes pour les CDD et l’interim.
  19. Pour que le cours remonte, il a suffi que son PDG, Éric Yuan, fasse son autocritique à propos de la sécurité de son logiciel et déclare : « J’ai vraiment foiré ».
  20. « Incapacité » dont le sens apparaît désormais : il vaudrait mieux dire « volonté de ne pas construire ».
  21. Philippe Meirieu, Arrêtons de totémiser le numérique, Politis n°1601, 30avril-6 mai 2020.